Schefflera

Schefflera ô géant vert À quoi penses-tu le jour Dans ta cage de béton et de verre ? Au maudit goutte à goutte qui toujours Goutte Aux maudits murs durs qui toujours Durent Aux maudits souliers qui claquent — clac ! Et résonnent Aux maudites portes qui claquent — clac ! Et résonnent Quel drôle d'aquarium De vide et d'air Qui t'emprisonne Et t'enserre Qui t'empoisonne Et t'enterre Trop profond ; toi géant vert Né pour la pleine lumière Schefflera ô géant vert À quoi rêves-tu la nuit Au milieu du béton et du verre Désertés par les fourmis ? Qu'enfin, enfin tombe la pluie Sur ton écorce lisse ? Que doucement elle glisse Jusqu'à ce que toute ta sève frémisse Te soulève et emporte Dans une étrange danse Ces fichues portes Qui claquent — clac ! Que dans un immense Bruit de branches Qui craquent — crac ! S'abattent Ces murs de terne évidence ? Schefflera ô géant vert Aux mille mains qui pendent Aux sept doigts qui jamais ne serrent Oseras-tu danser ce soir d'orage ta folle sarabande ? Je retiendrai la porte — chut ! J'enlèverai mes souliers — chut ! Le tonnerre lentement grondera La cadence Quand la foudre soudainement brisera La science Du béton et du verre — chute ! Et les nuages aux yeux gris Enfin, enfin pleureront sur toi Leurs larmes de rage et de joie Cette nuit Grand Schefflera Danse Fuis Échappe-toi